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Qui raconte?


Fanny Borius, journaliste. Diplômée de l'IUT de journalisme de Bordeaux (2005-2007), aujourd'hui IJBA. 

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Il s'agit ici de regarder le monde et de le raconter. Raconter la richesse de ces hommes, de ces vies, de manière forcément subjective mais le plus honnêtement qui soit. 
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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 20:26

Enquête sur les médias et l'homosexualité au Cameroun réalisée en 2006 (et toujours d'actualité en 2011 alors que les arrestations et procès d'homosexuels présumés connaissent un nouvel élan dans le pays)

 

 

Il y a les médias qui en parlent, sans retenue, il y a ceux qui se taisent. Par déontologie journalistique parfois, par peur de la censure surtout. Petit état des lieux avec les sons de Thierry Ndong, journaliste au Messager, et d'Ibrahim Cherif, rédacteur en chef de la CRTV.

 

 

Le 11 janvier 2006, un journal publie pour la première fois une liste des « présumés homosexuels ». Il s’agit du bimensuel people La Météo. Suivent l’hebdomadaire L’anecdote puis Nouvelle Afrique avec une liste de 50 noms plus ou moins identiques. Sur place, ces journaux sont appelés les « Trois mousquetaires ». 

  « Enquêter un risque, informer un devoir » dit la devise de l'anecdote.  Une devise qui paraît bien loin quand on considère toutes ses accusations apportées sans preuves. la nouvelle et le popoli ont également suivi cette dynamique de délation. A chaque fois, un ton volontairement graveleux est employé, des termes parfois violents voire des illustrations choquantes. Ainsi, ils ne parlent pas des « homosexuels » mais des « pédés ». « Voici les pédés de chez nous » titre Nouvelle Afrique en février 2006. « Déviance : la liste complète des homosexuels du Cameroun » annonce l’Anecdote au même moment. Le journal ne se contente pas de donner des noms, il les commente. « Sa taille de moins d’un mètre trente ne serait en rien un obstacle à la réussite de ses ébats amoureux hors normes ». « Mort il y deux ans, sans doute des suites de ces actes odieux ». « Il serait fortement trempé dans cette affaire d’homosexualité qui aurait bien sûr un rapport avec son ascension professionnelle ».  

 

« Poupoul couvre la pédé-folie ? » s’amuse le journal satirique Popoli, fait presque entièrement de bandes desssinées. Il fait ainsi référence au chef de l’état, Paul Biya. Nouvelle presse est le seul journal à mettre en avant des photos : un homme en slip (évidemment le visage n’est pas montré) portant une couche. « N’est-ce pas la preuve de son homosexualité ? » s’exclame le journal, arguant que l’homosexuel souffre d’« incontinence anale » à cause de ses pratiques sexuelles. Les dessins humoristiques de ce journal sont bien pires dans cette condamnation sans faille de l’homosexualité et bien trop vulgaires pour être décrits dans ces lignes.


Cette presse à scandale a besoin de faire du chiffre, elle est de fait racoleuse. Son sérieux est plus qu’à mettre en doute. Les nombreux procès intentés à leur rédacteur en chef le soulignent tout comme leur publication qui se fait souvent à intervalle irréguliers. Ces journaux n’ont pas de site Internet, ou alors plus comme l’Anecdote dont le site n’a pas été actualisé depuis 2001. Quant à La Nouvelle presse, il n’est pas complet puisque on ne peut retrouver l’intégralité des articles sortis sur papier, notamment ceux traitant de l’affaire.

 

 

 Des médias sérieux subsistent

 

Le messager veut rester professionnel et a décidé de ne pas se mêler de cette affaire. Roland Tsapi, chef du bureau du journal à Bafoussam, assure que il n’y a pas eu assez d’investigations pour publier des listes sûres. « Nous sommes les pionniers de la presse privée, nous voulons garder une certaine éthique. Déontologiquement, on se doit de respecter la vie privée des gens ». Surtout, une certaine pression pèse sur le journal, reconnu par les autorités publiques pour son sérieux et sa pertinence. Même si sa devise est « A l’écoute du peuple », il se doit de ne pas servir le peuple en se desservant lui-même. Ce que Roland Tsapi résume par cette jolie phrase : « Si tu n’aimes pas le lièvre (ndlr : l’Etat), reconnais au moins sa vitesse (ndlr : son pouvoir) ».

 

Ecouter l’interview de Thierry Ndong, journaliste au Messager à Yaoundé (février 2006) : 

 

 

 

 Mutations n’a pas publié de listes mais dans son éditorial du 30 janvier 2006, il affirme que « pour le mal qu'elle peut engendrer, le combat contre l’homosexualité doit être mené ». Le journal en profite en fait pour revenir sur le contexte de la publication de ces listes, sur les mœurs des jeunes aujourd’hui. 

 

 

 Cameroon Tribune C’est le journal d’état, réputé pour être très proche du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, le parti au pouvoir). Il est surnommé « le journal des bonnes nouvelles » ou « la voix d’Etoudi » (surnom donné au palais présidentiel) ce qui montre le peu de crédibilité que lui donnent les Camerounais. Il ne parle évidemment pas des listes et se contente de commenter l’affaire.

 

La crtv cameroon est la radio-télé d’état du pays. Sa liberté de parole est donc limitée comme l’admet son rédacteur en chef, Ibrahim Cherif (en chemise blanche au centre, sur la photo) :

               ibrahim cherif

 

 

 

 

 

 

 

 

-  Le TOP 50 des listes d'homosexuels présumés: les raisons d'un succès

 

- Les procès en 2011

 

 

 

 

 

Liste des principaux journaux camerounais : 

 

 

Ÿ L’Anecdote : Enquêter un risque, écrire un devoir. Hebdomadaire d’enquêtes et d’informations crée en 1995.

 

Ÿ Mutations : fondé en 1996. C’est un quotidien depuis février 2002 et leur 600ème numéro.

 

Ÿ Nouvelle Expression : journal indépendant d’investigation et d’analyse fondé en 1992. 

 

Ÿ Cameroon Tribune : bilingue français-anglais. Quotidien du lundi au vendredi. Edité depuis janvier 2000 en quadrichromie.

 

Ÿ Nouvelle presse : site internet fermé

 

Ÿ Le Messager : tri-hebdomadaire fondé le 17 novembre 1979. Journal d’informations et de débat. Site internet fermé.

 

Ÿ Le Popoli : Rira bien qui lira le premier. Journal satirique.

 

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